Le Vaudou


Le Bénin et le Vodoun


Ce document se propose de faire connaître et apprécier le Vodoun à sa juste valeur.
Il expose et raconte, elle juge et dit ce qu'elle croit être la vérité.
Si elle se trompe, c'est de bonne foi.

Il arrivera sans doute que nos coeurs se serrent en l'écoutant. Notre pays a vu tant d'horreurs, nos Ancêtres ont été pendant si longtemps
victimes d'une civilisation qui les a empêché de choisir judicieusement les éléments compatibles avec leur propre civilisation.

On a tenté par tous les moyens d'inculquer à notre pays que sa propre culture est sans valeur ; que sa religion relève du Mal, qu'elle est satanique. De la découlent les atrocités les plus odieuses qui nient lentement mais sûrement l'âme de tout un continent. L'Afrique perd toute son identité, toute sa foi, toute sa culture, et de là toute son histoire. Ainsi, le développement de l'Afrique, sur quelque plan que ce soit, demeure toujours hypothétique, conjectural.

Depuis nos origines, nous nous sommes rendus compte qu'aucun peuple ne peut connaître le progrès sans intégrer sa propre culture.

Aussi, quand une culture en rencontre une autre, elles se modifient légèrement et réciproquement dans une symbiose de collaboration agissante et fructueuse .
Malheureusement, ce ne fut pas le cas en Afrique.

Il n'y a pas de mauvaise culture à l'origine, mais les contraintes d'interpénétration des peuples obligent les citoyens de la terre à
revoir leurs comportements dans le temps et dans l'espace. En effet, toute culture est relative à un univers et cet univers est déterminé par l'étape de la connaissance des intéressés dans le temps.
C'est pourquoi, au fur et à mesure que l'univers s'élargit et que notre monde se réduit à un village planétaire, les peuples doivent revoir leur savoir-faire et leur savoir-être pour créer la culture de l'universel.

Et cette originalité prouve que plus de 80 millions d'êtres humains de par le monde reconnaissent être adeptes du Vodoun. Pourtant, celui-ci reste très mal compris, très mal perçu. Il est généralement considéré comme un simple amas de
superstitions, voire comme une forme de magie noire.

Il serait réducteur de s'en tenir à cette vision simpliste et "hollywoodienne" du Vodoun.
Le Vodoun recouvre une réalité sociale et spirituelle autrement riche et complexe. Le mode "Vodoun" a plusieurs équivalents, dont, entre autres, les traductions de "Dieu" ou "Esprit".

Le Vodoun est une religion animiste, dont les adeptes croient que la nature et les forces naturelles sont animées par les divinités et les esprits, et qu'il est possible d'entrer en contact avec ces derniers.
Le Vodoun est une force bienfaitrice, source de bonheur et de paix. Il s'agit d'une puissance positive, expérimentée par nos ancêtres et transmise de génération en génération.
Le Vodoun ne peut en aucun cas être réduit à un fétichisme schématique, à une sorcellerie de vils desseins, à cette désignation péjorative qu'ont bien voulu en laisser les esclavagistes et les détracteurs de la religion.

Pour les esclavagistes européens, qui se rendirent en Afrique à partir du l6è siècle, et pour les missionnaires chrétiens qui vinrent dans leur sillage, il était essentiel de réduire à néant toute force spirituelle et cela passait inévitablement par la dénonciation du Vodoun comme culte païen, d'idoles sataniques.

En Afrique, les esclavagistes veillaient à ne pas emmener de prêtres Vodoun sur les navires, afin que nos ancêtres, des hommes valides enchaînés comme du bétail, ne puissent bénéficier du réconfort de leur religion.

Pourtant, le culte Vodoun n'a jamais cessé de se développer, pour atteindre aujourd'hui le rang de mouvement puissant.
Au Brésil par exemple, pays catholique par excellence, des millions d'êtres humains reconnaissent ouvertement être adeptes du Candomblé, mais il se nomme également Vodoun en Haïti ou Santéria à Cuba.

Nos ancêtres ont été transplantés en Amérique à la faveur du trafic le plus honteux et le plus vil qui soit dans l'histoire universelle.
Les stigmates de cette odieuse transaction doivent rester gravés dans la mémoire de tous ceux qui ont du sang nègre dans les veines .
Oui, latraite des nègres fut un crime commis contre toute une race d'hommes.
Et aujourd'hui encore, une évaluation des torts qu'elle a causé au continent africain s'avère impossible.

Messieurs Les Présidents de différents pays,
Messieurs Les Ministres de la Culture et de la Communication, ,
chers frères et soeurs de la Diaspora Noire,
Mesdames, Messieurs, ne pouvons faire un bilan de la traite des noirs, tant il est difficile de comptabiliser la détresse des hommes.

Notre pays, le Bénin, est le berceau des Vodouns. Son panthéon s'est enrichi des valeurs culturelles et religieuses de toutes les ethnies africaines transplantées de par le monde.
Cependant, il a également subi les influences de la religion des colons, imposée à nos ancêtres esclaves.

Les réalités socio-politiques avaient forcé nos grands-parents à intégrer des éléments du catholicisme dans la cosmologie Vodoun et à opérer un syncrétisme hétérogène forcé. Mais le Bénin ne doit pas s'identifier à cette réalité historique. Devons-nous continuer à vivre en esclaves en pratiquant les religions étrangères ? Nous pensons que non.
Nous ne devons pas cesser de témoigner un attachement constant au culte Vodoun, car il s'agissait au temps des Ancêtres d'un compromis et non d'une adhésion impliquant une intégration quelconque des consciences.
Le Vodoun est une idéologie mobilisatrice, une source de guérison, de salut, de bonheur et de paix.
Le Vodoun ne doit plus être tenu à l'écart et combattu rageusement par les forces qui lui sont opposées.
En effet, la Constitution lui a reconnu le droit à une existence légale, au même titre que les autres religions.

Le Vodoun a toujours joué un rôle fondateur dans l'histoire du Bénin.
Depuis l'époque de l'esclavage, avant l'indépendance et jusqu'à présent, le Vodoun a toujours marqué l'histoire de notre pays comme un élément de résistance à l'oppression, sous toutes ses formes.

Le Vodoun est source de spiritualité et de réconfort, source de fraternité, de solidarité et de tolérance religieuse. De tout temps, de l'époque coloniale à nos jours, en passant par l'occupation américaine, le Vodoun a toujours été victime de persécutions par les représentants des nantis qui votent des lois, organisent et lancent la propagande anti-Vodoun pour empêcher les adeptes de s'épanouir et de s'exprimer librement.

Chers Vodounons, chers Bokonons, chers Guérisseurs traditionnels, frères et soeurs de la Diaspora Noire, le seul moyen de mettre fin aux pratiques anti-nationales et internationales, de maintenir l'intégrité de notre héritage culturel et de sauvegarder les aspects positifs de notre tradition, c'est de nous rassembler pour défendre, consolider, développer et promouvoir notre culture et prendre des dispositions effectives dans le but de protéger l'intérêt immédiat des enfants du monde africain et du Bénin en particulier qui restent viscéralement attachés au patrimoine ancestral.

De nos jours, aussi bien en Haïti qu'au Brésil et à Cuba, le Vodoun s'identifie à une théologie de libération qui a une résonance heureuse aux oreilles des démunis et de tous ceux qui sont victimes d'une injustice institutionnalisée.
Les cultes de racine africaine ont la faveur des opprimés, quelle que soit la couleur de leur peau.
Leur influence se révèle déterminante dans le domaine des beaux-arts, de la danse, de la musique, du théâtre, de la peinture et de la sculpture.

Le Vodoun au Bénin, la Santéria à Cuba, le Candomblé au Brésil et le Vodoun en Haïti sont en train de donner naissance à des formes de ballets originales et à des danses inédites, peut-être demain à un théâtre qui conquerra le monde.

Étant donné les liens historiques et culturels qui existent entre les enfants du Bénin et certains pays d'Afrique, d'Amérique Latine et des Caraïbes ; Étant donné la nécessité qui existe dans le contexte de solidarité au sein du Tiers-Monde d'établir sur une base solide aux relations culturelles avec certains peuples frères, pour arriver à entretenir cette source de spiritualité existante entre le peuple béninois et ces peuples frères, la Communauté Nationale du Culte Vodoun du Bénin se doit de défendre la culture nationale et se donner les moyens nécessaires à son développement.

Dans ce but, il faudra intervenir à différents niveaux pour faire découvrir l'essence et le fonctionnement du Vodoun
aussi bien au peuple béninois qu'à la Communauté Internationale.

Mesures concrètes :
- Défendre les forêts, les eaux et tous les lieux sacrés et favoriser leur expansion sur toute l'étendue du territoire national.
- Prendre les dispositions nécessaires pour permettre au patrimoine ancestral de trouver sa vraie place dans le programme éducatif au Bénin.
- Faire des recherches sur la culture populaire et publier le résultat de ces recherches.
- Organiser des Centres culturels pour l'alphabétisation, le développement et la compréhension des éléments culturels nationaux.
- Créer des centres médicaux pour le développement de la médecine intégrée, d'une alliance entre médecine occidentale et médecine traditionnelle.

Au niveau international, il s'agira établir des relations de travail avec certaines organisations internationales comme 1'U.N.E.S.C.O. qui anime des programmes pour la promotion de la culture nationale des pays sous-développés.


Dejà grâce à votre à ceertaines initiatives, le Vodoun d'origine Adja-Tado demeure le patrimoine ancestral de tous les Béninois et Béninoises, d'Est en Ouest et du Nord au Sud.
Il jouit d'une large audience dans tout le Bénin.
L'emprise du Vodoun est si forte sur la société béninoise que je n‚hésite pas à dire que le Bénin est à cent dix pour cent vodouïsant.

- Vive les Vodouns d'Haïti, du Brésil et de Cuba
Vive le Bénin

Vincent Harisdo